J’ai toujours été fasciné par la modernité, les premiers avions, l’automobile, je souhaitais devenir ingénieur… mais c’est la ferronnerie d’art qui a fait de moi un constructeur du XXe siècle. L’apprentissage dans l’atelier d’Émile Robert en 1916 à Paris était difficile : 12h de forge par jour ! Quelques années plus tard, après mon service militaire et grâce à l’aide financière d’un ami de mon père, j’ouvre mon premier atelier de ferronnerie et de serrurerie à Nancy. Je ne tarde pas à délaisser les petits objets pour m’investir dans la construction métallique, d’architecture ou d’ameublement. Sur commande ou en série, l’important c’est d’innover ! À la fin des années 1920, je commence à travailler avec des architectes de renom : Mallet-Stevens, Tony Garnier, Eugène Baudouin et Marcel Lods, Le Corbusier… Comme eux, je m’appuie sur les nouveaux matériaux et moyens de l’industrie sidérurgique, mais j’ai aussi une ambition sociale : créer pour le plus grand nombre et améliorer les conditions de vie des plus démunis.
J’investis dans de nouvelles machines, je réponds à de vastes chantiers (hôpitaux, hôtels de ville, bureaux) et à d’importantes commandes en ameublement, comme celui de la Cité universitaire nancéienne. Ce type de commande, habituellement réservée aux ébénistes, est une chance pour mon atelier ! Je propose un ensemble métallique – fauteuil, lit, table, chaise et étagère – en tôle pliée et en bois, pour une soixantaine de chambres. Un mobilier simple, économique et solide qui a pu résister aux passages de milliers d’étudiants ! Regardez le fauteuil Cité : il a non seulement traversé le siècle, mais il a été aussi de nombreuses fois réédité à l’usage des particuliers.