Du 15 novembre 2012 au 12 janvier 2013
La narration de contes et de romans par Grandville
Les illustrations gravées d’ouvrages littéraires se multiplient à la période romantique, dans les années 1820 à 1840. Grandville illustre par exemple les contes populaires de Barbe bleue et du Petit chaperon rouge, publiés notamment par Charles Perrault dans Les Contes de ma mère l’Oye (1697), le Chat botté, dont la première version connue est issue de ce même ouvrage du XVIIe siècle, et Robinson Crusoé, roman publié par Daniel Defoë en 1719.
Les Têtes des sept péchés capitaux et leurs combinaisons s’inspirent des méthodes scientifiques ou pseudo-scientifiques de classement des espèces animales et d’étude de la psychologie de l’homme, sur un mode très différent de celui de Callot traitant le même sujet deux siècles plus tôt. Les « combinaisons » évoquent des classifications comme celle de Georges Cuvier (1769-1832), tandis que la traduction des qualités et défauts moraux des personnages par les traits de leur visage est proche de la physiognomonie de Johann Caspar Lavater (1741-1801). Grandville joue en outre d’analogies avec des animaux, dans une tradition qui remonte à l’art de la Renaissance.
La narration de sujets religieux par Jacques Callot
La part de l’inspiration catholique chez Jacques Callot a été réévaluée dans la seconde moitié du XXe siècle.
La narration pleine de verve de la Vie de l’Enfant prodigue, publiée l’année de la mort de Callot, n’est pas gênée par le format restreint des planches. L’usage d’un vernis dur inédit permet la miniaturisation des scènes, foisonnantes de détails. Dans le Partage des biens, un chien fait ses besoins au milieu de la salle, traduisant le manque de respect du fils prodigue qui réclame sa part d’héritage pour mieux la dilapider. Dans L’Enfant prodigue est ruiné, celui-ci est chassé d’un bordel, dont les ruelles semblent inspirées de celles de la Vieille-Ville de Nancy. Certains détails évoquent des clins d’œil autobiographiques : Callot aurait fuit la maison familiale dans sa jeunesse.
Callot renouvelle l’iconographie du Martyre de saint Sébastien, qu’il représente isolé entre le groupe des archers, la foule et les ruines romaines d’édifices païens qui le surplombent. Enfin, sa représentation des Sept péchés capitaux s’inspire largement du manuel de l’Iconologia de Cesare Ripa (1593), dont le graveur possédait un exemplaire. Chaque allégorie de péché apparaît comme un emblème, c’est-à-dire comme une figure accompagnée d’attributs, parfois proche de personnages de la Tentation de saint Antoine, à peu près contemporaine.
Commissariat : Michèle Leinen, documentaliste du musée des Beaux-Arts de Nancy et Flore Collette, conservatrice du musée des Beaux-Arts de Nancy.