Du 15 novembre 2012 au 11 février 2013

L’une est un hommage à un éminent donateur du musée, Jacques Thuillier, collectionneur érudit. En 1999, il avait considérablement enrichi les collections du cabinet d’arts graphiques en y effectuant une donation de 14 000 dessins et estampes d’une diversité exemplaire. Les œuvres présentées ont été sélectionnées sur une thématique précise : les églises de Paris, en écho à l’exposition du musée Carnavalet Les Couleurs du ciel, peintures des églises de Paris au XVIIe siècle (4 octobre 2012 - 24 février 2013).

Deux grandes expositions présentant un florilège de sa donation ont déjà été organisées par le musée, notamment en 2001 avec Une donation d’art graphique. L’anonymat ayant été levé par le frère du défunt, cette donation est désormais dénommée « donation Jacques et Guy Thuillier ».

Hommage à Jacques Thuillier, Évocation des décors d’églises de Paris présentait un ensemble de 63 estampes et albums figurant des tableaux des églises de Paris du XVIIe siècle, tableaux qui existent toujours, parfois in situ, souvent dans divers musées français, ou qui ont disparu et dont ces estampes sont le seul témoignage. Jacques Thuillier s’est passionné pour le décor religieux et profane des XVIIe et XIXe siècles. Sa donation est particulièrement riche concernant ces deux thèmes. Elle comprend des pièces exceptionnelles, qui ont constitué une partie de la documentation préalable à l’exposition du musée Carnavalet.

La deuxième exposition du musée présente quatre œuvres monumentales d’Alain Huck, artiste suisse vivant à Lausanne. Tragedy or Position est un ensemble remarquable et impressionnant de dessins réalisés au fusain et proposés pour la première fois dans un musée des Beaux-Arts. Nebula, Tragedy, Position, Edenblock mettent en résonance des références géographique, historique et culturelle éloignées : un décor triomphal du Baroque troué par du Crabe, une masse sombre dilatée sur les pages centrales des Bacchantes d’Euripide, une vue aérienne captée par un drone survolant l’Afghanistan, une concentration végétale dans une serre tropicale.

Ces dessins à la lumière sombre et voilée sont présentés en vis-à-vis. Un huis clos plonge le visiteur dans une noirceur inquiétante, pleine de forces obscures. L’échelle des œuvres est impressionnante (271 x 400 cm) et renvoie aux formats de la « peinture d’histoire » que l’artiste réinterprète en donnant au dessin des dimensions gigantesques. Son travail de superpositions de différentes images, d’accumulations sur les motifs invite le spectateur à s’immerger dans l’œuvre afin d’y retrouver ses propres visions l’entraînant même dans une sorte de vertige.

Ces expositions étaient, une fois de plus, l’occasion pour le musée d’organiser une confrontation entre le passé et le présent. 

Commissariat : Michèle Leinen, documentaliste du musée des Beaux-Arts de Nancy et Claire Stoullig, directrice du musée des Beaux-Arts de Nancy.