Du 13 mars au 4 mai 2015
Artiste contemporaine, Cristina Escobar est originaire de Cuba et vit en France depuis 2001. Son travail témoigne d’un constant dialogue entre l’affect et l’intellect. Elle y parle du monde en pleine ébullition, de la condition sociale et politique, de l’exil et ce qui s’y rattache : la mémoire, la souffrance, la nostalgie, la perte et la violence. L’exposition Mirages qu’elle a présentée au musée des Beaux-Arts de Nancy, rassemblait deux œuvres, Le Lotissement et Croisières. LeLotissement, installation spectaculaire d’une vingtaine de tentes noires, aborde le thème de l’habitat précaire. Le titre de l’œuvre renvoie à l’image des nouvelles constructions qui ont surgi en périphérie des villes durant l’après-guerre et les Trente Glorieuses. On oscille entre l’habitat individuel et le collectif, la création d’une communauté, d’un ensemble, et l’émergence d’un isolement, voire d’une solitude. Mais les unités d’habitation que constituent les tentes du Lotissement ne sont plus désormais en périphérie, à la marge où à la frontière. Elles s’immiscent au cœur des cités pour signifier la détresse de nouvelles situations sociales, celle des sans-abri et des laissés-pour-compte. Cette présence est tel un mirage, décalage entre la chose vue et l’endroit où elle devrait se trouver. En pendant, Croisières est un ensemble de 64 dessins qui s’inspire d’images compilées par l’artiste, montrant des bateaux à la dérive où s’entassent des individus embarqués à la recherche d’une vie meilleure, d’un « El Dorado », d’une terre promise.
Michael Kenna réalise des séries de photographies autour de lieux qu’il explore inlassablement. Il a beaucoup sillonné l’Asie, notamment le Japon, la Chine et la Corée et s’intéresse à la France depuis les années 1980. Ses tirages toujours en noir et blanc, immortalisent la poésie des paysages. Qu’ils soient naturels ou urbains, les lieux restent mystérieux et invitent à la contemplation. L’artiste joue avec les lignes et les volumes, le contraste entre le clair et l’obscur, le visible et l’invisible. Aucune présence humaine ne vient perturber ses paysages déserts et oniriques. Influencé par Bill Brandt mais aussi par Eugène Atget et Brassaï, Michael Kenna est sans doute, aujourd’hui, l’un des photographes de paysages les plus talentueux. Il a su créer un style unique, caractérisé par une grande maîtrise formelle de la composition, de la lumière et du tirage argentique.
Commissariat : Charles Villeneuve de Janti, directeur du musée des Beaux-Arts et Sabine Troncin-Denis, Galerie Tronçin Denis.